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galerie leschantiersboitenoire
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Hôtel Baudon de Mauny
1 rue carbonnerie F-34000 Montpellier
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Eudes menichetti vit et travaille à Montreuil /2019 /Solo show /Portraits, Galerie Eko Sato, Paris/Group show /Art Paris, Grand Palais, Galerie Eko Sato, Paris/ Yokai, Galerie Eko Sato, Paris /Double Je, Palais de Tokyo, Paris/ Imagetexte 5, Topographie de l’art, Paris/L’Ouverture, Galerie Eko Sato, Paris/ Cabinet Da-End 06, galerie Da-End, Paris /Collection Abbaye d’Auberive, Halle Saint-Pierre, Paris/Hey III, Halle Saint-Pierre, Paris/Dessins au Cube, FRAC, ENSAM, Montpellier

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catalogue ( 28 x 19 cm) 70 pages,  20 €, envoi sur demande 

Préface, catalogue 2012 

Je n’ai jusqu’ici jamais rencontré Eudes Menichetti, ni ne suis entré dans son atelier. Je ne connais de lui que ses dessins et ses peintures – assemblages de et sur métal. De sa vie, je ne sais que peu de circonstances, mais dont l’une au moins m’est, par hasard, familière : c’est qu’il a vécu dans le treizième arrondissement et a été élève au collège Rodin. Je l’ai appris en lisant l’inscription qui occupe l’angle inférieur gauche de Elle aurait voulu. Il se trouve qu’à mes yeux, cette œuvre concentre comme en une équation une époque, une situation, des mœurs et des désarrois qui m’ont été familiers. A moins qu’il n’ait inventé là une fiction – mais peu importe sa véracité du moment qu’elle est juste pour d’autres raisons.

On dira que c’est une façon futile de réagir que de parler ainsi à demi-mot de soi-même. Mais d’une part, je suis désormais porté à suspecter que les considérations les mieux théorisées, les plus éloquemment et philosophiquement argumentées, ne sont souvent que les déguisements et parures de réactions aux causes bien plus individuelles – les traductions dans une langue plus savante- et plus convenue aussi – d’une empathie qui n’ose pas se déclarer telle quelle, se montrer nue. D’autre part, chaque fois que j’ai vu ses encres, ses aquarelles et ses tableaux métalliques, c’est ceci que j’ai perçu: ce sentiment déconcertant de familiarité. Il m’est arrivé de reconnaître comme miennes ou proches des miennes ces visions, ces angoisses, cette obsession de l’intérieur du corps auxquelles il sait donner une forme visible. On dirait que Menichetti dessine – la formule est évidemment abusive- à ma place, celle d’un homme qui ne sait pas dessiner et qui ne croit pas, malgré Breton, qu’il soit possible de « calquer » une vision nocturne de façon automatique.

Voyez les Cordes et Migration, ce dernier dessin suggérant une confusion presque complète de l’organique, du végétal et du géologique. Voyez encore Utérus. Celui qui a eu l’idée d’intituler de la sorte une série de quatre figures – si l’on peut dire – masculines, deux vêtus d’uniformes militaires, les deux autres de blouses blanches de bouchers ou de chirurgiens, celui-ci ne peut qu’avoir une conscience très aigüe de ce que l’on doit nommer régression. Il ne s’agit ni de fantastique, ni de fantaisie, ni non plus d’un symbolisme, même s’il arrive à Menichetti de faire apparaître des crânes et des squelettes – mais de la formation d’une mythologie personnelle, dont sans doute certains éléments ne sont compréhensibles que pour lui, mais qui a cette capacité de saisissement que je signalai à l’instant. L’ironie me semble ici la politesse de l’angoisse. Ce n’est pas parce que presque tout est cruel qu’il faut tout prendre au tragique.

Une dernière observation : Menichetti écrit dans ses œuvres, soit les lettres divisées d’un rébus vite déchiffré, soit des récits et citations. Associer ainsi le mot et la chose, le geste et la parole, c’est, contre les spécialisations et catégories – et donc contre les interdits qui en sont les conséquences directes – la manière la plus nette de signifier qu’il y a là un individu entier, un être singulier, qui se manifeste à sa guise, comme il l’entend, sans souci des modes. Dans une époque aussi lourde que la nôtre, cette liberté est réjouissante.

Philippe Dagen

Une année 2007,  carnet de 12 aquarelles, ( 19 x 13,5 cm) 30 pages,  8 €,  envoi sur demande

Galerie Chantiers Boîte Noire, Montpellier

Eudes Menichetti pratique aujourd’hui l’autoportrait avec humour et fantaisie en utilisant I’imagerie anatomique et Ie journal intime de sa vie privée.
II y cherche ce que I’on refoule dans ce genre entériné par I’histoire de l’art : les réseaux très complexes du systeme nerveux, ou des vaisseaux sanguins, les viscères. Toute cette partie sous jacente, qui pour faire partie de nous-même et de notre ego, n’en est pas moins pour autant notre inconnue.
En réponse à la question « Qui suis-je ? » Eudes Menichetti , expose, dissèque et sonde Ie corps humain (son corps) pour mieux explorer Ie monde cérébral avec la volonté de s’expliquer (Ie monde), I’existence et Ie potentiel humain.
Christian Laune

 

Eudes Menichetti, retour d’un fantôme baroque

Treize dessins, dont des aquarelles, et quatre gravures – le tout de format moyen et datées de 2005-2006: la nouvelle exposition du Parisien Eudes Menichetti à Montpellier, après dix ans d’absence, est une des bonnes nouvelles du mois de janvier. Né en 66, diplômé des Beaux-Arts de Nîmes, l’artiste s’est fait connaître, dans les années 80, au sein du petit groupe Octopussy qui plaçait en première ligne Andy Wahrol et Jeff Koons, tout en nourrissant l’irrépressible envie de renouveler les sujets traditionnels via l’art populaire. Une sorte de figuration libre imprégnée de la rébellion du Pop Art, et joyeusement persuadée que Picabia et le dadaïsme n’avaient pas dit leur dernier mot.

Dix ans plus tard, qu’en reste-t-il ? Une force incroyable pour le dessin : traits ténus qui fourmillent, lignes sans fin, tracés qui s’autogénèrent avec un sens incroyable de la vitalité des formes, goût pour l’intime – lequel se situe en priorité « intus et in cute », comme dirait Rousseau, à l’intérieur et sous la peau. Les œuvres récentes disent cela, avec la timidité de qui se révèle lorsqu’il passe à la page blanche. S’y profile alors une prédilection pour une figure venue de l’antique et du baroque : hommes écorchés et planches d’anatomie évoluant comme fantômes dans l’opéra de l’inspiration.

On n’en voit guère d’équivalent chez les aînés qu’auprès du Sétois Daniel Dezeuze (né en 42), sans doute le maître indirect de beaucoup en région et ailleurs. Pour les plus jeunes, comme Eudes, il n’est que de suivre la pente d’Abdelkadder Benchamma, Georges Boulard et Jean-Luc Verna, dont les œuvres sont visibles dans l’expo collective « l’amour de soi », à la galerie Iconoscope, rue du Courreau. Chez tous, la synthèse s’opère entre le surréalisme, pour le télescopage d’associations d’idées connectées avec la réalité, et le dadaïsme, pour une offensive en collages souvent érotiques et bousculant l’ordre moral. Même tendance en jeune danse contemporaine, d’ailleurs, pour qui, aussi, la survie est à ce prix. Contre et avec l’air du temps, qui n’a rien de tendre.

Eudes, qui a toujours joué la carte du faux naïf, explique ça en ces termes entre appétit pour l’énigme et les cadavres exquis : « J’aime la culture qui sensibilise tout le monde. J’aime refléter la quotidienneté de la vie : je lis, je dors, je mange, je vais au cinéma, j’ai des amis ». Pas sûr qu’il ne faille pas prendre tout ça au pied de la lettre, et des images. Hommes fougères au réseau capillaire exacerbé, vertébrés sautant à la corde, idoles féminines à l’enfant, virginité mise à nu (un air en cela de Frida Kahlo), autoportrait arborant le masque vertigineux des vaisseaux sanguins à deux couleurs, comme un aborigène hors du temps.
Mais aussi, émanations du fantasme noir avec un retour latent au symbolisme d’un Gustave Moreau, chimères en lutte contre le bonheur béat, paradis de l’enfance revisité par l’inquiétude de soi : bref de quoi saisir effaré, sans répit, la sensibilité d’écorché vif du bonhomme, qui a vraiment du talent.
Lise OTT
*inter : dessins souvent érotiques et bousculant l’ordre moral